- Scénario de mon prochain court métrage, clip métaphorique pour une chanson sur le thème de la pollution -
Sur une table où est posé un décor miniature, deux enfants jouent au train électrique. C'est connu, les enfants adorent les trains, ces derniers alimentent leur folle imagination.
Ils s'appellent Tom et Tim. L'un conduit le train, l'autre est chef de gare.
Nous sommes à bord d'un de ces vastes wagons américains, ces célèbres trains qui traversent l'Amérique d'est en ouest enjambant le Mississipi.
Le temps est beau dehors, la brise est fraîche, quelques nuages moutonneux flottent dans le ciel.
Par la fenêtre du wagon on peut voir le paysage défiler, au coeur des openfields.
Le nez collé à la vitre, leur tête dépassant à peine, les enfants regardent la verdure s'étendre à l'horizon.
Le train s'engageant dans un long virage, les enfants purent apercevoir la locomotive en tête de file. L'envie de la rejoindre se lut dans leur yeux. Bien décidés à jouer au cheminot, Ils se mirent à courir vers la porte de fond du wagon. Visiblement, le premier arrivé à la locomotive prenait les commandes. Une petite acrobatie permis à Tim de désactiver la sécurité de la porte, le désavantageant par rapport à son camarade qui l'ouvrit le premier. Le vent s'engouffra à l'intérieur, déséquilibrant Tom qui fut renversé sur le plancher. Ils ne furent pas découragés pour autant. L'échelle de service qui mène au toit fut prise d'assaut, après avoir enjambé les attaches et câbles reliant les deux rames.
La course fut maintenant engagée sur le toit du wagon, où ils manquèrent tous les deux de se faire happer par un pont. Le souffle du train détacha la suie des parois de ciment qui vint se coller à leur visage.
Ils parvinrent enfin à rejoindre la locomotive. Après quelques petites acrobaties, s'agrippant à la rambarde, Ils furent dans la cabine.
Fascinés par la belle mécanique, ils observaient les cadrans, touchaient au boutons, jouaient les cheminots. Le paysage campagnard défilait toujours par les petites fenêtres du cockpit. Bientôt, Tim et Tom tombaient sur le levier de commande de puissance des machines, qui inconsciemment et sous l'effet de l'adrénaline, le poussent au maximum. C'est l'envie de sensations fortes, à tous les coups.
La bête mécanique s'ébranle, les puissants moteurs diesel grondent, les cliquetis s'intensifient, les roues arrachent des étincelles du fer des rails. La machine entraînant des wagons innocents, commence une course folle au milieu de nulle part.
A l'intérieur de la cabine, les deux enfants fascinés éprouvent alors un sentiment aigu de puissance, généré par la vitesse et les rugissements sourds des moteurs. Une grande puissance émanant de leur petit geste.
Et la locomotive accélère. Du conduit d'échappement se sauvent les vapeurs du pétrole consumé sous forme de nuage noir. La chaleur du fer des roues et du moteur s'échappe elle aussi en vapeur blanche.
Mais toute puissance finit par avoir raison de l'homme et devient incontrôlable. Le sentiment d'euphorie laissant place à la peur, les petits d''hommes se jetèrent sur le levier de commande, tirant l'un l'autre de chaque coté, le cassant par maladresse. (point de non retour ?) Et cette formidable puissance prit le dessus, sans que personne ne puisse l'arrêter. Un couple de puissance dévastateur, qui grandit, se décuple de façon exponentielle.
Dehors, le temps changeait. Le ciel bleu faisait place à un horizon menaçant. Sous des nuages noirs, le soleil couchant alourdissait l'atmosphère de sa couleur de feu. Les derniers rayons reflétaient dans les cuivres de la mécanique enragée, pendant que le monstre de métal galopait à travers un désert aride.
Les enfants étaient terrorisés, victimes des vibrations s'amplifiant sans cesse, des cris de rage de la machine qui déchirait leurs tympans. Rien ne pouvait maintenant arrêter ce monstre emballé dans une course folle. Pas même les ressources de la machine, qui suffisaient à la conduire à sa perte.
La mécanique, oeuvre de l'homme, ne pouvait résister plus longtemps à ce déchaînement. Les tôles commençaient à claquer, quelques parois des wagons se détachaient et disparaissaient dans le nuage de poussières et vapeurs.
Le ciel se faisait de plus en plus menaçant. Le soleil avait disparu, seul le phare de la locomotive et l'éclairage intérieur des wagons perçaient la pénombre. Au grincement du fer s'ajouta le tonnerre. Une pluie noire se mit à tomber, qui masquait les dernières couleurs du train agonisant, lui donnant cet aspect de la mort. A cet instant il emportait ses occupant dans l'abîme, traversant l'océan.
Et comme sous l'effet de l'orage crescendo, les roues commencèrent à trembler, les tôles, les boulons, les rivets, qui faisaient la beauté de ce géant de fer abandonnaient la carcasse. Comme si un corps ne pouvait suivre plus longtemps son âme folle.
Tous les signes laissaient croire à un déraillage imminent. Mais la loco tenu bon. Elle accélérait. Encore.
Et encore.
Elle s'accrochait aux rails.
Obstinée.
Quelques instants plus tard, le convoi approchait une gare, située sur le flanc d'une haute colline. C'était le terminus de la ligne ouest de la société ferroviaire. Ici s'arrêtait la voie de fer.
Sous les yeux des enfants attérrés, le monstre borgne s'engouffra. Ne pouvant s'arrêter, déchirant les obstacles comme du papier, il finit sa course dans le vide...
ooOoo
Tim et Tom sortent de leur chambre, leur jeu terminé. Le petit train électrique gisait sur le sol, broyé. Les barrières du petit décor posé sur la table, déchiquetées.
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